Gradus ad Parnassum - Cours d'écriture musicale
email

mot de passe

<< Retour au blog

Un art du détail

Un art du détail

Ce texte est l’avant-propos du second livre Gradus ad Parnassum, intitulé « L'Harmonie ».

Le présent ouvrage propose une initiation à l’harmonie tonale, mais offre également quelques outils de réelle maîtrise de ses aspects les plus fondamentaux. La base essentielle de l’écriture musicale, à savoir les accords de trois sons, la technique et les règles d’enchaînement, est étudiée avec précision. Cette étape constitue la clé d’un travail plus complexe et trouve sa pleine réalisation avec l’étude des trois accords cardinaux : sous-dominante, dominante, et tonique, et leur succession dans la section cadentielle où les accords secondaires et les septièmes complètent le matériau harmonique.

L’ouvrage est divisé en deux parties : le Cours et la Méthode. La Méthode reprend tous les éléments du Cours. On y trouvera à la fois les exemples musicaux permettant d’observer dans les œuvres la notion étudiée, et les exercices d’application de ces mêmes notions. Il va sans dire que cette méthode ne prétend, en aucun cas, se substituer à l’expérience musicale, fréquentation des œuvres et pratique instrumentale, et à l’émotion musicale, première et irremplaçable. Les quelques mots du poète T.S. Eliot expriment parfaitement notre pensée : « Il ne fait aucun doute qu’une immense partie du savoir, si elle est acquise avant d’avoir éprouvé une intense émotion est positivement indésirable ».

Tout au long de cette étude, l’accent est mis sur la conduite des voix, leur linéarité, et leur qualité mélodique propre. L’aspect harmonique, ou vertical, étant indissociable de l’aspect mélodique, ou horizontal, cette double préoccupation doit rester une priorité.

Les nombreux exemples doivent être lus avec attention. Ils sont en quelque sorte une validation de l’enchaînement étudié. Ils peuvent être réécrits, mémorisés, transposés dans le ton modèle de do, et resitués dans l’œuvre. Ils permettent un approfondissement de tel ou tel détail de l’écriture, depuis le plus simple élément jusqu’à un enchaînement plus complexe et subtil. Ces courts extraits d’œuvres, mettant en évidence l’évolution de l’écriture, sont aussi l’ébauche d’un cours d’Histoire de la musique tonale. Ils doivent constituer un répertoire mental qui s’accroit et s’enrichit avec le temps, tout au long des études.

Les exercices mettent en pratique l’élément étudié. Certains d’entre eux, purement formels, sont des exercices d’assouplissement, d’apprentissage de certains réflexes d’écriture. D’autres, les plus nombreux, se présentent sous forme de basses chiffrées à réaliser. En général, la position du premier accord est donnée. Quelques-uns peuvent faire l’objet de variantes. Leur correction est donnée en fin de volume.

Une écriture instrumentale est proposée pour certains exercices. Pour l’étudiant encore peu familier de ces mises en œuvre de l’Harmonie, il est possible de traiter l’exercice dans la stricte écriture habituelle à quatre voix.

Si ces exercices ne sont pas complètement acquis, nous conseillons très vivement d’y revenir à plusieurs reprises, jusqu’à leur complète maîtrise. Ils peuvent être traités partiellement, leur lecture intégrale pouvant provoquer une lassitude tout à fait contraire au but recherché.

Les enchaînements présentés dans le Cours, et repris et exemplifiés dans la Méthode peuvent être consultés. On peut en faire une lecture suivie, mais également s’y reporter, par exemple en cas de difficulté dans un travail d’écriture. Leur fonction « dictionnaire » fait partie de leur vocation.

Il faut constamment transposer les éléments proposés dans les exemples et les exercices, en do majeur (ou mineur selon le cas).

Bien souvent, dans des tonalités encore mal maîtrisées, et parfois même quand elles sont familières, la compréhension de tel ou tel enchaînement n’est ni immédiate ni concrète. Tout enchaînement compris doit être aussi clair qu’un élément très simple et doit paraître tout aussi évident. Tant qu’il ne l’est pas, on peut considérer le travail comme non accompli. Autrement dit, il ne suffit pas de comprendre, et nous insistons sur ce point, il faut que l’élément étudié paraisse simple et évident.

Inversement, l’enchaînement, proposé dans un exemple ou un exercice, ramené au ton modèle de do, doit également être transposé dans quelques tonalités. Il convient de faire attention aussi à ne pas multiplier les tonalités de transposition, au risque de créer une lassitude, et d’en troubler la perception qui doit rester la plus claire possible. Trop de tonalités peuvent créer l’impression de ne « plus savoir où on en est ».

Par ailleurs, le travail doit être refait plusieurs fois, lors d’autres séances de travail, espacées de plusieurs jours, et même parfois de semaines voire de mois. Il n’est pas mauvais d’oublier un peu un élément pour le retrouver plus tard avec un regard nouveau qui permettra de l’appréhender avec plus de sûreté. L’élément n’étant plus tout à fait nouveau, sa compréhension est plus profonde et plus sûre.

Nous ne saurions trop insister sur la connaissance, qui doit être la plus approfondie possible, de ces éléments qui peuvent sembler bien partiels. Il peut se dégager parfois de cette étude le sentiment quelque peu désagréable de « faire des petits bouts ». Mais précisément tout l’art consiste sans doute à savoir assembler des éléments apparemment distincts les uns des autres, et à en comprendre la profonde unité. Mais comment comprendre cette unité si les éléments sont peu maîtrisés, mal identifiés, non reconnus ?

Cette démarche que nous proposons est en quelque sorte un art du détail. Quand nous évoquons cet aller-retour du simple au complexe, c’est bien de cela dont il s’agit. Rappelons que le terme complexe, étymologiquement, évoque le fait d’embrasser, c’est-à-dire prendre dans ses bras différents éléments, les rassembler et les assembler. On dit volontiers embrasser une vue, ce qui signifie retenir du regard non pas un objet, mais mille objets, autrement dit assembler du regard mille éléments simples et les retenir tous. C’est bien par ailleurs le sens du terme composition.

aucun commentaire

Ajoutez votre commentaire:

votre pseudo

votre email

votre commentaire